Coaching en mode Covid-19: trois questions à Danièle Eozenou

On n’arrête pas Danièle Eozenou. Pendant toute la durée du confinement, elle a poursuivi son activité de coaching et livre quelques précieuses leçons qu’elle a tirées de cette période d’incertitude.

Votre activité s’est poursuivie durant le confinement et s’est même accélérée. Comment avez-vous réussi à maintenir une telle dynamique ?

Spontanément, je dirais que je ne suis pas rentrée dans la psychose ambiante. J’ai décidé de me faire une idée de la situation la plus objective possible. J’ai vécu cette période de confinement tournée vers l’avenir. J’en ai profité pour me recentrer sur moi, j’ai privilégié mon équilibre: alimentation, activité physique, mais aussi lecture…

J’ai surtout réalisé que je devais m’organiser autrement. Mon activité repose sur les relations humaines. Je devais passer à d’autres outils, comme la visioconférence. J’ai remis à jour mes modalités de travail: j’ai appris à coacher par téléphone et par écran interposé et ça s’est avéré très efficace! Être à distance nous pousse à aller droit au but, à être plus direct. Aujourd’hui, je peux réaliser la totalité de mon activité à distance.

Dans mon métier, la qualité du lien, de la présence et de la confiance fait toute la différence. Je me suis occupée de mes clients, j’allais vers eux, je prenais de leurs nouvelles, j’ai travaillé notre lien en profondeur, encore plus que lorsque je les rencontrais en face-à-face. J’ai fait évoluer mes modalités d’accompagnement. Finalement, le confinement nous a poussés à nous transformer, et j’ai décidé d’embrasser pleinement cette occasion. J’accompagne au quotidien des personnes qui évoluent professionnellement, j’étais donc au cœur de mon métier! Mon travail a pris encore plus de sens.

Selon vous, quels sont les effets les plus marquants du confinement
sur les cadres dirigeants que vous accompagnez ?

La fatigue s’est accrue très rapidement, probablement à cause du niveau de concentration nécessaire pendant le télétravail. Enchaîner les visioconférences sans pause, sans temps à la machine à café, sans respiration… C’est épuisant. Tous ont dû réfléchir à leur équilibre pour tenir le coup: instaurer dix minutes de pause entre chaque réunion, sortir de son bureau, sortir se promener si possible… Il a été essentiel de trouver des solutions pour ne pas rentrer dans une activité non-stop et apprendre à s’arrêter. J’ai remarqué nettement plus de burn-out et pré-burn-out que les années précédentes. Et ça n’était pas lié à la quantité de travail, mais bien au manque de temps de respiration. Un autre effet qui me paraît essentiel à mentionner est apparu à la moitié du confinement. Mes clients manquaient de présentiel. Ils détenaient les informations pour travailler, mais manquaient de communication non-verbale. Voir un visage sur Zoom ne remplace malheureusement pas une réunion en présentiel! C’est un enjeu important et toujours d’actualité. Sans rencontre en face-à-face, on passe à côté de quantité de messages non-verbaux et on manque d’indices pour cerner l’autre. En revanche, j’ai remarqué que tout est devenu visible: talents, difficultés, obstacles, et ce dès les premiers jours du confinement. Ce temps d’épreuve a révélé chaque personne, dans un sens ou dans l’autre. Certains coachings traînaient et se sont accélérés d’un coup, avec des effets visibles. Globalement, la phase de diagnostic est maintenant beaucoup plus rapide et je peux mettre en place des techniques de coaching efficaces en peu de temps. La fréquence des rendez-vous a aussi augmenté: j’assure parfois un rendez-vous téléphonique d’une heure, chaque semaine! Les compétences sont devenues très vite plus visibles, un peu comme à l’image de la mer qui se retire et révèle sable, rochers, coquillages, algues, détritus et plastique…

Quels conseils et quel accompagnement proposeriez-vous à un
cadre dirigeant pour mener à bien ses idéaux et projets ?

Il faut bien connaître ses idéaux, les interroger, les revisiter, les choyer… On n’a qu’une vie! Quand on a fait le tour d’une activité, on revient systématiquement à nos rêves. Chez les jeunes potentiels, je recommande de multiplier les expériences de direction et de management, d’analyser sa propre trajectoire. Et surtout de ne jamais se plonger dans une activité qui ne nous correspond pas. Dans ce cas, il faut apprendre puis partir. Il faut être clair avec soi-même. Les cadres dirigeants sont tellement débordés qu’ils oublient souvent leurs idéaux, alors qu’il est nécessaire de s’aligner sur ces derniers. J’encourage aussi beaucoup mes clients à écrire, à mettre sur le papier leurs idées et leurs aspirations. Le coaching sert à cela aussi. Dans les circonstances actuelles, il est plus que jamais nécessaire de maximiser le présentiel, tant que la loi le permet. Nous avons besoin des cadres dirigeants et des managers, de leur pilotage et de leur management. En présentiel, on réalise que le rôle du cadre dirigeant est clé. Il montre l’exemple et permet à chaque collaborateur de le modéliser. Un coach personnel peut aider à prendre la mesure de son influence. Mais globalement, il faut être conscient de son impact et le faire vivre! Je crois que le dirigeant doit être présent.

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